mercredi 21 septembre 2011

M'as t'en conter des belles

2 octobre 2011 à 14h - gratuit
9, rue de l'école, St-Urbain-Premier J0S 1Y0
À l'occasion des Journées de la culture, Anne-Marie Samson signe textes, adaptations et mise en scène d'un spectacle de conte présenté par des jeunes comédiens de 6e année et de secondaire 1, le maire de la municipalité de Saint-Urbain-Premier et le violoneux de renom Neil MacKay. Les auteurs Mario Rossignol et Jean-Pierre Ste-Marie, originaires de la région, ont autorisé l'adaptation du premier chapitre des populaires romans Agrippa dont le 5e tome a été publié en 2011. Les auteurs seront présents et proposeront une rencontre-échange avec le public après le spectacle, lors de laquelle ils nous entretiendront de leur processus de recherche et de création. Une rencontre avec les comédiens aura également lieu, le tout assorti d'une visite de la toute nouvelle bibliothèque.

lundi 18 juillet 2011

Clarksdale Moan - Dewittville Blues

Dewittville Blues, voici le titre du premier album (2011) de Clarksdale Moan, duo formé de Kevin Harvey (voix et harmonica) et de Kenny Pauzé (guitare et slide). Du Mississippi Delta Blues à son meilleurs, avec des compositions originales et des reprises pour le moins énergiques de Muddy Waters, Charley Patton, Junior Parker et bien d’autres encore. Ils se sont également entourés pour ce premier opus de Terry Joe « Banjo » au banjo, vous l’aurez deviné, ainsi que de Danny Bloom à l’harmonica.

Dewittville, petite localité à l’ouest de la Rive-Sud de Montréal, petit point régional sur la carte géographique qui abrite pourtant nombre de musiciens locaux en folk, blues, bluegrass et trad (il faut entendre les Châteauguay Valley Fiddlers) d’un talent absolument incroyable. Je me sens privilégiée d’habiter cette région qui me console de mon éloignement de Lanaudière, un sol de musique exceptionnel. Ces deux régions sont en quelque sorte apparentées par la diversité des paysages, mais de mon point de vue, par la qualité des musiciens qui y habitent et s’y présentent, parfois en salle, parfois dans de petits bouis-bouis sans prétention où les rencontres humaines et culturelles sont toujours riches.

Clarksdale Moan, disions-nous ? Un duo impressionnant d’authenticité. Mais comment peut-on autant remplir une salle ou l’espace extérieur d’un festival avec seulement deux personnes sur scène ? D’abord Kevin Harvey, qui possède une voix très très puissante (j’insiste). Le blues, il en fait son affaire, manifestement habité par lui depuis un bon bout de temps. Il faut, pour chanter justement le blues, des dispositions particulières, un état d’esprit, une compréhension de ses racines. Les textes de blues sont parfois moins jojo. Il faut savoir les raconter. Kevin Harvey possède aussi cette connaissance intime du blues, ce « feel » qui prend sa source dans les tripes. Kevin Harvey « sait » chanter du blues.

Kenny Pauzé fait littéralement corps avec le dobro et le slide. Il a une maîtrise de l’instrument qui le situe dans les ligues majeures. Il surfe très habilement entre le lead et l’accompagnement, toujours présent pour appuyer la voix, mais il négocie des virages fabuleux à deux cents à l’heure par moments avec le slide et… demeure invariablement en piste.

Amateurs de blues, il vous faut « Dewittville Blues ». Site web de Clarksdale Moan sur Reverbnation : http://www.reverbnation.com/clarksdalemoan

Apple Hollow Music Fest


Samedi 16 juillet 2011, sous un soleil cuisant dans les Vergers McMillan de Franklin avait lieu la quatrième édition du Apple Hollow Music Fest, un événement dans la plus pure tradition folk, blues et bluegrass.

Tout d’abord, un accueil hors de l’ordinaire où chaque billet d’entrée vendu est gratifié d’un large sourire, un lieu de villégiature d’une beauté exceptionnelle offrant toutes les commodités et où les burgers sont encore grillés avec attention, la bière bien froide et les sanitaires d’une propreté exemplaire. Détails, me direz-vous. Mais les Johnny-on-the-spot habituels devraient également fournir des pinces à nez, ce qui n’est évidemment pas le cas ici. Les bénévoles et employés sur le site sont habités d’une capacité d’accueil remarquable, d’une grande gentillesse et oui, d’un sens légendaire du communautaire qui règne chez les anglophones.

Encore une fois cette année, un line-up de très grande qualité : sous la direction artistique Terry Joe Rodrigues (mieux connu sous le nom de Terry Joe « Banjo ») qui a lui-même offert de nombreuses et impressionnantes performances, nous avons eu le bonheur de voir et d’entendre l’excellent bluesman Pat Loiselle, les Praise Junkies, les Road Scholards (bluegrass) et Michelle Tompkins à la voix magique. Également, Clarksdale Moan, duo local composé de Kenny Pauzé et Kevin Harvey, a offert une performance blues qui a soufflé l’assistance et dont je vous entretiendrez plus particulièrement dans le prochain article : je dois vous parler de « Dewittville Blues ». La soirée s’est clôturée sous une « harvest moon »bien pleine en compagnie de Lake of Stew. Quels musiciens et « entertainers » talentueux qui ont présenté une musique de type « Jug Band » très enlevante avec un humour toujours présent qui vogue habilement entre le ridicule et le très intelligent.

Mon coup de cœur cette année est sans contredit Stewart Burrows (http://www.stewartburrows.com). Si j’ai bien longtemps douté qu’un jour quelqu’un puisse assurer la relève de Jim Corcoran, le voile est maintenant levé. Burrows, à la voix très puissante, est manifestement un passionné et son jeu de guitare nous emmène exactement là où il le souhaite, à la fois dans notre cœur et dans nos tripes. En allant consulter son site web, j’ai découvert des chansons tant francophones qu’anglophones, toutes livrées avec beaucoup de goût et de charme. Une poésie sans prétention, très authentique et des mélodies qui nous atteignent dans le vif. Burrows est, je l’espère, appelé à de grandes destinées.

LE FINANCEMENT DES ÉVÉNEMENT LOCAUX
Pour ceux qui n’ont pas assisté au Apple Hollow Musif Fest ce week-end dernier ont définitivement manqué une belle occasion de renouer avec leur racines lors d’un événement où les rencontres entre public et musiciens se font à l’échelle humaine. Les festivals régionaux ont de la difficulté à survivre, notamment pour des raisons de financement. C’est l’œuf ou la poule : plus on a de spectateurs, plus on dispose de fonds pour se faire connaître et, plus on se fait connaître, plus on a de spectateurs. Comment peut-on faire, sans moyens de financement pour la  promotion, pour que suffisamment de gens se déplacent et ainsi obtenir les entrées nécessaires pour verser des cachets décents aux musiciens qui sont le cœur de ces événements ?

Les événements locaux sont pourtant le moteur de développement économique des communautés. On entend souvent qu’il faut développer les régions. Les régions, ce sont aussi les initiatives locales ! Fréquenter les évènements en région, c’est aider tous ces organismes composés majoritairement de bénévoles à démontrer que leur présence est absolument nécessaire pour l’identité des communautés. Si les événements locaux n’ont plus que les commanditaires (une chance qu’ils sont là !) et le public pour contribuer à leur financement, beaucoup s’éteindront par essoufflement. Parfois, le journal local attribue un journaliste à la couverture d’un événement, comme ce fut le cas au Festival ce week-end et heureusement, il reste le public pour diffuser l’existence de ces événements. Au détour de vos conversations, parlez du Apple Hollow Music Fest et surtout, assistez-y ! Vous serez ravis, je vous le promets. Le site du Apple Hollow Music Fest : http://www.applehollowmusicfest.org

Pierre Côté – Amerika Plads

Pierre Côté présente son premier album solo en carrière, lui qui a participé à tant d’enregistrements ou de spectacles d’artistes de renom (Carol Welsman, Alain Caron, Jim Corcoran, Céline Dion, Cirque du Soleil, pour ne nommer que ceux-ci). Amerika Plads  nous apprend, encore une fois, que le jazz se compose et se joue de manière tout à fait exceptionnelle au Québec et pas que chez nos voisins du Sud.

Accompagné des excellents musiciens Christian Pamerleau (batterie), Chet Doxas (saxophone), Frédéric Alarie (contrebasse) et Guy Boisvert (contrebasse), Amerika Plads, dont les pièces d’une complexité harmonieuse, côtoie dans la discothèque de manière tout à fait justifiée les albums de grands du jazz, Davis, Peterson et Brubeck, mais également de guitaristes d’exception, tels Scofield, Metheny et Ritenour. On y entend bien la solide formation musicale et la vaste expérience de Pierre Côté tout au long des neuf pièces proposées sur l’album et bien sûr, la virtuosité du guitariste.

Il était plus que temps que Pierre Côté nous offre ce bijou d’intelligence et de raffinement. On n’espère ne pas attendre aussi longtemps avant qu’il ne se commette à nouveau, mais on comprend aussi que la complexité de telles pièces musicales justifie un mûrissement de chacune d’elles dans l’esprit du créateur. Nous serons donc patients…

On peut également prolonger le plaisir d’entendre la guitare de Pierre Côté en assistant à ses différentes performances « live ». En effet, il se produit régulièrement avec son trio, ou encore avec Alain Caron ou avec Johanne Cantara (jazz bossa nova) un peu partout au Québec. Parce qu’il faut entendre Pierre Côté à la guitare, mais il faut également le voir. Il est de ces guitaristes pour qui flirter avec la guitare semble si naturel; les notes coulent et se succèdent à un rythme effarant ou encore, se fondent, tout en sensualité. Évidemment, sans accrochage.

Amerika Plads est disponible, entre autres, sur le site web de Pierre Côté, en version CD pour ceux qui, comme moi, continuent d’entretenir une relation charnelle avec les disques et les pochettes, mais également en version téléchargeable. http://www.pierrecote.net

Emmanuelle Julien : Folk, rock et soul au féminin


Emmanuelle Julien nous offre en 2011 son premier album éponyme. Au premier contact, sympathique pochette au décor de photomaton avec la petite plaquette « photos livrées ici en 3 minutes » : jeans. boots et jolie à croquer (ah, pour ça, il faudra se procurer l’album !), cette petite bombe d’énergie nous annonce d’emblée un recueil musical où on est pas près de s’ennuyer.

En trois minutes d’écoute, en effet. l’auteur compositeur interprète livre « My Road » et voici une première rencontre avec sa voix chaude, un peu rauque. Les pièces se succèdent avec une diversité étonnante et des guitares au son dirty bien dosé. Ça me rappelle d’ailleurs un peu Amanda Marshall qui nous avait gratifié des chansons folk rock extraordinaires dans les années 90.

La chanteuse Emmanuelle Julien s’accompagne à la guitare qu’elle maîtrise tout à fait et a su s’entourer d’une brochette musiciens solides, dont les versatiles guitaristes Dimitri LeBel et Olivier St-Pierre, Jean-François Déry à la basse, Luc Catellier à la batterie et Geneviève St-Pierre et Antoine Gratton aux claviers qui honorent de manière très juste les compositions en français et en anglais qui nous restent dans la tête. Un album à déguster chez soi, certes, mais qu’il faut absolument emporter quand on prend la route. Personnellement, j’attendais cet album depuis un bon bout de temps et je l’ai acheté sans réserve dès sa parution… ravissement.

Emmanuelle Julien était  cette année au Festival de Blues de Tremblant et peut être entendue régulièrement sur la scène montréalaise. Elle sera en spectacle dans plusieurs régions du Québec cet été, dont le Festival Maximum Blues de Carleton. On court acheter cet album chez Archambault, ou on se le procure directement auprès de l’artiste au http://emmanuellejulien.bandcamp.com.

dimanche 8 mai 2011

L'immense abandon des plages en lecture publique

C'est en 2009 que Mylène Durand, écrivaine en partie lanaudoise et montréalaise, publiait son premier roman L'immense abandon des plages aux Éditions Pleine Lune. L'auteure a d'ailleurs remporté pour ce roman le Prix Fiction 2009 du Salon international du livre insulaire d'Ouessant, en France.

L'immense abandon des plages faisait l'objet d'une lecture publique présentée par l'organisme lanaudois À voix haute le 4 mai 2011 à la Salle Roland-Brunelle à Joliette. Il s'agissait là d'un défi de taille pour les comédiennes Annie Gravel et Valérie Descheneaux: d'abord rendre la personnalité des deux seours, puis la profondeur du lien qui les unit dans la détresse de l'abandon de la mère. La mère remplacée par la mer, qui emporte tout avec elle...
 
Valérie Descheneaux personnifiait Élisabeth avec beaucoup de grâce et justesse, tantôt abandonnée à de douces pensées, tantôt désarmée dans cette ville dont elle ne connaît rien, tantôt terrassée par la perte, une perte dont elle peut dire la source, mais dont la justification demeurera sans réponse.

Annie Gravel incarnait, quant à elle, une Claire en révolte, qui ressent cruellement l'abandon au plus profond de son être, mais qui arrive malgré tout à demeurer attachée à sa soeur, son ancrage. Seul leur frère Julien demeure sans voix, tout au long de l'interprétation, mais prend vie dans les lettres de Claire. Il était juste de traiter ainsi le personnage qui se mure dans le silence au fil du roman.

L'abandon et la fuite de ce milieu familier mais construit des grands vents de la souffrance sera leur réponse à cet abandon. La fuite s'avère ici une réponse saine à une situation insoluble qui leur permettra de se reconstruire peu à peu.

Soulignons l'excellent travail d'Onil Melançon qui signe cette mise en lecture, ponctuée de la musique de Chopin qui rend bien la mélancolie des discours et le rythme de l'évolution psychologique des  sœurs au travers de leurs correspondances.

L'immense abandon des plages est un roman magnifique, douloureux, mûr, plein d'une symbolique recherchée et rédigé dans un niveau de langage dont la finesse pourrait être attribuée à un écrivain fait et les coloris, à un peintre subtil. Nous découvrons plutôt, avec bonheur, une jeune auteure de 29 ans, dont le deuxième roman est en préparation.

Rappelons que À voix haute est un organisme à but non lucratif dont la mission est de diffuser des œuvres littéraires lanaudoises sous forme de lectures publiques par des comédiens professionnels et qu'il le fait fort bien depuis maintenant quatre ans. Voilà une belle façon de faire vivre une œuvre et de la faire évoluer autrement.